D'un Suisse et d'un singe

Various, 1650


VN Suisse vn iour à my-yure cherchant la mon¬ noye d’vn cart d’escu, s’addressa à vn singe, cro¬ yant que ce fut l’enfant du logis, & luy dit petit car¬ çon, moy voudrois bien auoir la monnoye de mon piece, le singe aussi tost prit le cart d’escu, & le mit dans son reseruoir, & s’enfuit en la chambre de son maistre: le Suisse croyant que le petit garçon fut al¬ Ié querir la monnoye de sa piece, l’attendoit auec im¬ patience, mais voyant qu’il ne reuenoit point s’écria, petit carçon, par mon foy si toy ny vient pas l’y ren¬ dre mon argent, moy ty coupperay ton teste de mon lippée, (voulant dire de mon espée:) l’Apotiquaire entendant ce bruit descent, & demande à ce Suisse ce qu’il vouloit? le Suisse en colere dit, Monsieur l’A¬ poticuire, voulant dire l’Apotiquaire, moî donni mon largent à le fils de vous, & ly moy point rendu, par mon foy dy qui luy est vn berneutre: l’Apoticaire ne se pouuant tenir de rire, luy dit, Monsieur vous vous este mépris, ce n’est pas mon fils, c’est vn singe: le Suisse qui entendoit de trauers, dit, par mon foy cely saint ian ny vale rin, dy tromper moy: sur cette con¬ teste le drôle de singe grimpa à vne fenestre, où il treuua vn pot de chambre, qu’il fit tomber sur la teste du Suisse, qui s’en alla voyant qu’il ny auoit rien faire pour luy.