Lettre de la Comtesse de ***
Jean-Martin de La Colonie, 1737
Ly fiens d'aprentre avec in crant cha- crinement, mon cher Moncir, com- me fous l'y être en quarnison dans in crant éloignement de moi; ah que sty sort être crantement contraire à mon fou- loir ! car j'afer touchours espéré qu'a a- près ly Campagne faite, fous fenir foir fotre cher Comtesse, que ly être touchours ly même pour fous ; mais ly espéré que si fous n'être pas feni encore, que fous ly fiénder pientôt. Ah, pourquoi sty moment n'y être pas feni ! puisque ly ê- tre d'in crant contentement de moy; & si ne fenir pientôt, que fous ly soufiend- der à fous compien ly premettre que l'aimer touchours à moi pocoup pien cran- tement. Ly craintre pien, mon cher Moncir, que dans sty petite File fous ly troufer des Dames qui fairons faire l'indélité à moi; non, non, mon cher, quer, fous ly être trop honnête homme pour ly faire chamais l'oubliance des pel- les promesses que fous ly afoir fait à moi si tentrement. Ah ! quand me soufenir que fous ly dire, mon cher Comtesse, moi ly aimer fous pli que tout ly mon- de & ny chanchir chamis pour in au- tre, quant ly serir plis pelle que ly chour, ly aver in crante choyeuseté, parce que fous ly promettre & fous ly tinir fotre parolle. Adieu, mon cher quer, n'écou- tir point stys petits Dames de forte quar- tir, mais fenir promptement foir moi, que ly attendre à vous afec in crant im- patiemment.